Nous tenons à exprimer notre point de vue sur les diffusions télévisées et radio des ondes de la RTBF à l’occasion de la Journée Internationale des Langues des Signes du 23 septembre 2019 dernier. La RTBF a démarré la journée avec le sujet de l’interprétation à la radio et clôturé avec un journal télévisé ayant quelques particularités. Nous tenons à préciser le rôle et la demande la FFSB dans ce contexte ainsi qu’à exprimer notre opinion sur ces diffusions.
A l’origine de ces diffusions, un rendez-vous a eu lieu entre la RTBF et la FFSB où nous avons demandé à la RTBF si une collaboration pouvait être envisagée dans le cadre de la Journée Internationale des Langues des Signes le 23 septembre afin d’effectuer une bonne promotion de l’information sur cette journée. Nous leur avons proposé de réaliser une action particulière, en leur laissant le choix entre : présenter la météo en langues des signes, mettre l’interprétation en évidence ou présenter le journal télévisé en langues des signes. Nous souhaitions que la RTBF reste libre de répondre avec une proposition qui lui convienne et qu’elle juge aussi adéquate de sa part. Nous leur avons aussi demandé de diffuser à nouveau les spots publicitaires du projet « ça CLAQue » dont Mr Bleu et Mr Rouge. Celle-ci a été acceptée. Par la suite, nous avons été contactés pour nous informer que l’interprète serait visible sur la Une. On nous a montré une photo et nous savions que la présentation serait inadéquate pour les personnes sourdes car trop petite à l’écran mais nous avons été rassurés par l’annonce que la présentation habituelle sur la Trois serait maintenue à cette date et comme d’habitude. La diffusion sur la Une avait pour objectif de sensibiliser les personnes entendantes à la présence de l’interprète en langue des signes. Il faut rappeler qu’historiquement, lors de la toute première diffusion du journal télévisé interprété en langues des signes, la RTBF avait reçu un grand nombre de plaintes des téléspectateurs entendants qui refusaient l’affichage de l’interprète à l’écran. De ces plaintes ont découlé la mise en place d’une présentation distincte du journal télévisé interprété en langue des signes sur la Deux d’abord et ensuite sur la Trois. Nous avons aussi collaboré avec la RTBF sur la création du reportage sur l’application StorySign d’Huawei dont nous faisons partie.
Ce dont nous n’avions pas été informés, en revanche c’est sur le fait que la RTBF allait interroger une interprète sur la journée internationale des Langues des Signes.
A la date du 23 septembre nous avons donc eu la surprise de découvrir une interview en début de journal télévisé où une interprète s’exprime directement par signes. Nous avons estimé que cette présentation n’était pas du tout adéquate pour la promotion de la Journée Internationale des Langues des Signes parce-que la personne s’exprime en français signé qui est un usage combiné de signes et d’oralisation. Or, cette journée a précisément pour objectif de sensibiliser le public sur l’existence des langues des signes en tant que langues à part entière et donc clairement distinctes des langues orales, ici en l’occurrence la LSFB et le français. Par distinctes on entend qu’elles ont notamment une grammaire et une syntaxe différente et qu’elles ne sont pas superposables tout en les respectant l’une et l’autre. Nous n’avons donc jamais demandé une diffusion publique du français signé pour cette date.
Nous souhaitons aussi souligner le fait que la diffusion à la radio d’une interview d’une interprète comportait quelques erreurs d’informations que nous souhaitons rectifier. L’accès aux études d’interprète se fait tout d’abord en suivant une formation de base qui consiste en un baccalauréat en traduction français-anglais-LSFB. Ce baccalauréat peut s’étudier soit à l’ULiège, soit à l’Université de Saint-Louis (et non à « Marie Haps »). Celui-ci permet ensuite d’avoir le choix entre suivre un master en traduction français-anglais-LSFB ou un master en interprétation français-LSFB qui se donnent tous les deux à l’Université Catholique de Louvain.
En outre, la reconnaissance de la LSFB le 22 octobre 2003 par la Communauté française n’a pas permis à la LSFB d’être reconnue comme étant la 4e langue officielle de la Belgique mais d’être reconnue au niveau de la Communauté française seulement.
Nous souhaitons aussi attirer l’attention du public sur le fait que les interlocuteurs les plus adéquats pour expliquer les spécificités linguistiques propres aux langues des signes (grammaire, paramètres, mouvements,…), dont tout ce qui a trait à leur comparaison entre elles, sont précisément les linguistes spécialisés dans les langues des signes eux-mêmes.