La Journée Internationale des Langues des Signes
23 septembre 2019
L’emploi des langues des signes dans l’éducation des enfants sourds avec l’application « Story Sign » d’Huawei.
La Fédération Francophone des Sourds de Belgique lance la Journée Internationale des Langues des Signes avec un programme d’activités visant à sensibiliser à la surdité et aux langues des signes. A cette occasion, Huawei lance aussi StorySign. C’est une application mobile gratuite qui vise à aider les enfants sourds et malentendants à apprendre à lire. L’application traduit instantanément, par le biais d’un avatar, les livres populaires pour enfants en langues des signes.
Fixée au 23 décembre et reconnue le 19 décembre dans une résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU, la Journée Internationale des Langues des Signes attire l’attention des gouvernements des différents pays sur l’importance de promouvoir et de protéger les langues des signes au même titre que les langues orales. En effet, ces langues sont reconnues au même titre que les autres langues orales, dans plusieurs pays.
La Journée Internationale des Langues des Signes rappelle aussi que la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées qu’ont ratifiée de nombreux pays contient de nombreuses dispositions en faveur de leur implantation et de leur reconnaissance en tant que langues équivalentes aux langues orales. Elles possèdent une richesse syntaxique et lexicale qui leur permet d’exprimer pleinement la pensée humaine.
Cette journée est aussi une belle occasion de rappeler que les personnes sourdes elles-mêmes prônent le droit à bénéficier d’une éducation bilingue « langue écrite/orale et langue des signes ». Ce type d’éducation est aujourd’hui considéré par la Fédération Mondiale des Sourds et par l’European Union of the Deaf comme étant la seule qui puisse garantir le plein développement social, personnel et académique des personnes sourdes, qu’elles soient en mesure d’oraliser et d’entendre une partie des sons ou non. Pour qu’il soit respecté, il nécessite une pleine reconnaissance des langues des signes et de leur légitimité dans l’espace public dont éducatif.
Huawei l’a bien compris et a, pour favoriser l’accès à la lecture par les enfants sourds, il a développé l’application mobile « Story Sign ». Elle est disponible sur Android et iOS, et désormais, les utilisateurs pourront y trouver quatre nouveaux livres en langue des signes de Belgique francophone (LSFB). La Fédération Francophone des Sourds de Belgique (FFSB) a en effet permis de réaliser cinq livres : « Où est Spot mon petit chien », « Au lit, petite licorne ! », « Mon petit monstre ! », « Un peu perdu » et « Il y a un dragon dans ce livre ». Pour marquer le coup, Huawei lance la vidéo d’une famille francophone s’exprimant sur l’apport sans pareil d’un outil tel que StorySign pour les familles d’enfants sourds et malentendants. En effet, l’application permet aux enfants de s’ouvrir au monde des livres et de vivre des moments de lecture magiques en famille.
Lien vers les images : https://we.tl/t-Jab0B1C2Pl et lien vers plus d’informations sur StorySign : https://consumer.huawei.com/be-fr/campaign/storysign/storysignfamilies/
L’application mobile gratuite StorySign d’Huawei exploite les nouvelles technologies et met à l’honneur un sympathique avatar prénommé « Star », développé en collaboration avec le studio de renommée mondiale Aardman Animations. Utilisant le même procédé que pour les films de super-héros américains à succès, les gestes d’une personne communiquant en langue des signes sont enregistrés dans un studio à écran vert et convertis ensuite en avatar. Grâce à la camera, Star reconnait les phrases et traduit en temps réel sur l’écran du smartphone une sélection de livres pour enfants en langue des signes. Ceci rend l’expérience de lecture des enfants sourds et malentendants plus facile et contribue à enrichir ces moments.
Non pas une mais plusieurs langues des signes
Les livres de StorySign ont été traduits en treize langues des signes et dans onze pays (Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Suisse, Belgique, Portugal, Irlande, Australie) pour un total de 52 livres. Récemment des livres supplémentaires en langue des signes américaine (ASL) ont aussi été ajoutés. En effet, il s’agit de la langue des signes la plus utilisée au monde et elle constitue la première langue des signes aux États-Unis, au Canada, en Afrique, en Asie et en Amérique centrale.
En Belgique, StorySign est disponible en langue des signes de Belgique francophone (LSFB) et en Vlaamse Gebarentaal (VGT). La LSFB a été reconnue le 21 octobre 2003 par la Communauté française.
Les langues des signes diffèrent à travers le monde, avec des rapprochements plus ou moins forts entre certaines par rapport à d’autres. Par exemple, la langue des signes française (LSF) est différente de la langue des signes de Belgique francophone (LSFB) mais des similitudes importantes existent entre la LSFB et la VGT, probablement bien plus qu’entre le néerlandais et le français. Cela est lié à l’histoire des communautés sourdes.
Pour en savoir plus sur les langues des signes, combien de personnes les utilisent, qu’est-ce qu’elles ont de particulier, quelle est leur histoire, comment se répartissent-t- elles à travers le monde, etc., une série d’articles sur les langues des signes est à votre disposition : http://jils.ffsb.be/jils/
La Journée Internationale des Langues des Signes fait partie de la Semaine Mondiale des Sourds
Le choix du 23 septembre célèbre à la fois la date de création de la Fédération Mondiale des Sourds (World Federation of the Deaf, WFD), le 23 septembre 1951, qui a pour but la préservation des langues des signes et de la communauté sourde, et la date du lancement de la première semaine internationale des sourds en septembre 1958, à l’occasion du premier congrès de cette même WFD à Rome, en Italie.
Activités de la Journée Mondiale des Sourds à Marche-en-Famenne
En Belgique, la Journée Mondiale des Sourds est célébrée le samedi de la semaine internationale des sourds. En Belgique, elle forme, depuis 1994, le point de rencontre annuel le plus important de la communauté sourde. Elle est traditionnellement organisée par la FFSB dans une ville différente chaque année, en collaboration avec une association de sourds locale afin de sensibiliser localement la population à la nécessité de prendre des mesures pour être accessible aux personnes sourdes et malentendantes.
Ainsi, ce samedi 28 septembre, la Fédération Francophone des Sourds de Belgique et le centre de rencontres pour sourds de Marche-en-Famenne « Silence, ça Marche ! » organisent une journée d’activités à la Maison de la Culture. Une trentaine d’organisations offrant des services aux personnes sourdes et malentendantes y tiendront un stand. Le programme de ces activités prévoit aussi des conférences sur les langues des signes, un cortège dans les rues de la ville et une soirée « Chuuut Party » qui met en relation, par des jeux de mimes et de signes, des personnes sourdes et des personnes entendantes. Il y aura aussi de la magie !
Tout le monde, que vous soyez sourd, malentendant, entendant, connaisseur, curieux, est le bienvenu.
Le programme complet et détaillé est disponible en ligne : http://www.ffsb.be/jms2019
FAQ, ressources et points d’attention
À l’attention des journalistes qui écrivent sur nous. Soignez vos mots s’il-vous plait :
Il y a des termes qui fâchent : « langage des signes » et « sourds-muets ».
Il n’y a pas d’inconvénient à tantôt utiliser les « sourds » vu qu’ils se définissent eux-mêmes comme « sourds » et s’appellent « nous les sourds ». Néanmoins, svp, bannissez le terme « sourd-muet » qui ne reflète pas leur réalité physiologique et les met tous dans le même sac puisque bon nombre d’entre eux sont en mesure d’oraliser aujourd’hui.
On parle donc de « langues signées » tout comme on parle de langues parlées, orales. On ne parle pas non plus de « langage des signes » mais de « langue des signes » ou « langues des signes », en définissant, si possible, laquelle ou lesquelles.
FFSB – La Fédération Francophone des Sourds de Belgique
Nous sommes une association d’éducation permanente qui fédère un réseau d’associations actives dans le domaine de la surdité et se fait le porte-parole de ces associations et leurs membres sourds et malentendants.
Nous portons leurs revendications sur la scène politique nationale et internationale (ONU) en réseau avec ses partenaires dont le BDF, UNIA le Centre Interfédéral pour l’Egalité des Chances, etc.
Nous assurons une mission d’information et de conseil pour toutes les initiatives visant à favoriser l’accessibilité, à promouvoir la langue des signes de Belgique francophone et à assurer l’intégration socio-professionnelle des personnes sourdes.
Web : www.ffsb.be
Combien de personnes sourdes et malentendantes y a-t-il ?
En Belgique, obtenir de vraies données chiffrées sur la population handicapée, dont les personnes sourdes et malentendantes est toujours très difficile, même aujourd’hui. Cette observation a fait l’objet d’une recommandation des experts de l’ONU à l’Etat belge en 2013.
Malgré tout, provisoirement, et face au besoin urgent de données, la FFSB a réalisé une estimation, la plus précise possible du nombre de personnes sourdes et malentendantes en Belgique francophone.
Population belge au 01/01/2018 | 11 376 070 habitants |
Population en Province de Luxembourg au 01/01/2018 | 283 227 habitants |
Pourcentage moyen de la population ayant des troubles auditifs, tous degrés de surdité confondus (légère, moyenne, profonde,…) | 8,6 % |
Nombre de personnes sourdes et malentendantes en Belgique |
978 342 personnes |
Nombre de personnes sourdes et malentendantes en région de Bruxelles-Capitale |
103 090 personnes |
Nombre de personnes sourdes et malentendantes en Wallonie |
311 696 personnes |
Nombre de personnes sourdes et malentendantes en Province du Luxembourg |
24 358 personnes |
Dont, pour la Province du Luxembourg : | Personnes qui ont : |
16 076 personnes | Une surdité légère à moyenne (66% des personnes sourdes) |
6820 personnes | Une surdité moyenne à sévère (28% des personnes sourdes) |
1461 personnes | Une surdité profonde à totale. (6% des personnes sourdes) |
Plus d’informations sur les chiffres de la surdité sont détaillées ici : http://www.ffsb.be/donnees-specifique et de façon générale : http://www.ffsb.be/statistiques
Pourquoi la couleur turquoise ?
Le cortège de la Journée Mondiale des Sourds se pare de turquoise. La nuance de turquoise est un mélange subtil de bleu et de vert. Comment se fait-il que cette nuance représente la surdité ? Une petite histoire s’impose.
Tout a commencé quand en 1999, lors du congrès de la Fédération Mondiale des Sourds en Australie, Paddy Ladd, une personne influente dans la communauté sourde Internationale, a proposé le ruban bleu comme symbole de la communauté sourde. A l’époque, le congrès l’a accepté et fêté mais cette idée ne s’est pas répandue rapidement dans la communauté sourde internationale car le ruban est toujours l’emblème de quelque chose de dramatique (sida, cancer, deuil,…) alors que la surdité n’est pas considérée comme quelque chose de triste ou comme une maladie par les personnes sourdes qui sont fières de l’être.
En 2002, la Fédération Autrichienne des Sourds a choisi le turquoise et a diffusé des rubans, bracelets et vêtements de cette couleur mais ce n’est que huit ans plus tard que cette couleur a commencé à circuler dans d’autres pays grâce à une équipe de jeunes sourds très actifs dans la communauté sourde internationale. C’est à Berlin, en 2010, qu’ils ont organisé une « turquoise party ». Selon eux, le bleu ou le vert turquoise est plus approprié que le bleu simple, car le bleu est une couleur facilement associée au handicap et à la société conventionnelle tandis que le vert est la couleur qui représente la nature, par excellence. Ce qui serait naturel serait aussi beau, riche, et témoignerait de la diversité du monde. Le mélange de bleu et de vert reflète donc bien l’état d’esprit des personnes sourdes qui s’acceptent comme elles sont, avec les richesses que la surdité leur apporte, tout en vivant sous le statut de personne handicapée dans une société moderne.
Cette couleur représente aussi une dualité, les personnes sourdes naviguent toute leur vie entre deux mondes, celui de la société entendante et conventionnelle et celui de la communauté sourde où tous les obstacles sont levés, et jouent les équilibristes. Elles visualisent cette dualité comme le ciel, d’une part (bleu) et la terre, d’autre part (vert), l’un étant indissociable de l’autre, et pourtant différent.
Pourquoi une nuance de couleur plutôt qu’un motif précis ? Durant la fête de Berlin, c’est aussi la langue des signes, les yeux et les mains qui ont été mis en avant comme symboles de la communauté sourde. Ni l’un ni l’autre, ni les deux ensemble, ne peuvent être repris comme emblèmes de la surdité car les mains ont aussi de nombreuses significations à travers le monde, ainsi que le symbole des yeux. C’est ainsi que par exemple, l’œil dans la main est le symbole du bouddhisme.
Cette fête à Berlin avec ses couleurs, a attiré l’attention de la communauté sourde internationale. De là, des associations locales et régionales ont commencé à utiliser le turquoise.
La Fédération Francophone des Sourds représente toutes les personnes qui s’identifient ou peuvent s’identifier à la couleur turquoise, acceptent ou peuvent accepter leur surdité, tous types de surdité confondus. Nous les représentons au point de les intégrer aux décisions et aux positions que nous prenons. C’est aussi pour nous une façon de marquer notre appartenance à la communauté sourde internationale et notre lien avec d’autres organisations.
Télécharger et partager ce communiqué de presse : https://bit.ly/2kZWqdF